Plus de deux tiers de la population ne fait plus confiance en ce gouvernement et en sa capacité à gérer cette crise sanitaire inédite. Depuis plusieurs mois, nous subissons une communication mensongère de la part des responsables politiques nationaux. Nous ne reviendrons pas sur le suivi effectif des avis portés par le conseil scientifique, l’utilité ou non du port des masques, des attaques répétées contre les capacités de notre système de santé ou de la prise en charge d’une part importante de la population en grande précarité. Le temps viendra de demander des explications et certains devront rendre des comptes. Cette crise sanitaire doit être un point d’appui pour transformer nos sociétés et construire le « jour d’après ». La FSU appelle, aux cotés de nombreuses associations et organisations syndicales, à reconstruire ensemble un futur écologique, social et démocratique, en rupture avec les politiques menées. (pétition accessible ICI.)
Pour l’instant, la priorité est au déconfinement. La propagation de l’épidémie a certes ralenti mais ce virus reste encore bien présent sur l’ensemble du territoire. Nous en voulons pour preuve l’apparition de nouveaux clusters sur le territoire national comme en Guyane. Mais il faut déconfiner à tout prix et c’est programmé pour le 11 mai 2020 ! Non, le gouvernement n’a pas prévu de dépister massivement la population, jugeant cette démarche inutile car inefficace. Mais ce sont avant tout des raisons économiques qui ont conduit à ce choix. Tout comme il avait opté pour le non renouvellement des stocks de masques, la diminution des capacités d’accueil des hôpitaux, le pillage des services publics ou la non gratuité des masques. Ne nous leurrons pas, la priorité n’est plus à tenter de préserver la santé des populations mais à la reprise économique. Car oui, c’est bel et bien l’économie du pays qu’il faut redémarrer au plus vite. Cette même économie qui ne cesse d’accroître les inégalités, qui pille les richesses en détruisant nos écosystèmes et qui permet aux puissants de ce monde d’asservir les peuples. Nous avons bien vu que pour sauver l’économie du pays, le gouvernement a su très rapidement débloquer des centaines de milliards d’euros…
La population doit retourner travailler et pour cela les établissements scolaires doivent rouvrir au plus vite. Qu’il est loin le temps où l’école formait les citoyens de demain ! Des citoyens en capacité de comprendre le monde dans lequel ils vivent, d’exercer leur libre arbitre et leur esprit critique. Aujourd’hui, l’école doit former des individus employables et rentables. Mais en cette période de crise sanitaire, la priorité est à la garde d’enfants dont les parents doivent aller travailler. Pour convaincre, les responsables locaux et nationaux n’hésitent pas à jouer sur la corde sensible : « Les élèves doivent reprendre le chemin de l’école car ils sont nombreux à avoir décroché, les violences familiales augmentent et les inégalités sociales croissent ».
En temps « normal », nos responsables ne se rendaient-ils pas compte de ces inégalités insupportables, du manque d’assistantes sociales, d’infirmières conseillères de santé, de psychologues scolaires, de structures spécialisées ou encore de la fracture numérique ?
Depuis de trop nombreuses années, la FSU Guyane ne cesse de dénoncer et d’alerter sur les insuffisances de notre système éducatif qui reproduisent et amplifient ces inégalités sociales et territoriales intolérables que subissent nos jeunes. C’est à se demander si ce système au rabais n’arrange pas certains privilégiés ?
Pour organiser cette réouverture des établissements scolaires, le ministère a rédigé et diffusé des « protocoles sanitaires » précis et contraignants afin d’appliquer et de faire respecter les prescriptions émises par les autorités sanitaires. La mise en œuvre de ces protocoles sanitaires nécessite une collaboration très étroite entre les services de l’Education Nationale et les collectivités (principes généraux page 4). Le Recteur de Guyane a organisé de nombreuses réunions avec les élus, les parents d’élèves et les syndicats afin de tenter d’organiser cette « rentrée » scolaire. Mais, même si les choses sont en train de changer, puisque la CTG organise la reprise progressive du travail pour ses agents des collèges et lycées, les responsables des collectivités ont réaffirmé à plusieurs reprises, qu’ils n’étaient pas en capacité d’appliquer ces protocoles et qu’en conséquence, les établissements scolaires restaient fermés jusqu’à nouvel ordre.
Le Recteur a tenu des propos rassurants aux différents interlocuteurs (pas de pression, pas d’obligation de résultats, pas de réouverture sans le consentement des élus). Pourtant depuis la semaine dernière, nos collègues subissent de nombreuses pressions afin de se rendre dès le 11 mai dans les établissements pour organiser cette « rentrée ». Ce double discours ne crée pas un climat de confiance propice à la reprise, pire, il génère des craintes légitimes pour l’ensemble des personnels de la communauté éducative.
Le Recteur affirme, dans les médias, que l’Education Nationale est prête pour la réouverture des établissements scolaires et qu’il a déjà consulté le CHSCT académique. La FSU Guyane exige des précisions car soit les propos du Recteur ont été déformés par un journaliste, soit le Recteur ment éhontément. En effet, le CHSCT académique n’a pas été réuni et n’a donc pu formuler aucun avis sur une éventuelle reprise. Seul un groupe de travail s’est tenu et de nombreuses questions sont restées sans réponses.
Nous découvrons, par la presse et par une note diffusée à l’ensemble des personnels, que la mise en œuvre des protocoles sanitaires par le Rectorat de Guyane se limite à la fourniture de masques, de gel hydro-alcoolique, d’essuie tout et de mouchoirs à usage unique. Pour la FSU Guyane, c’est plus qu’insuffisant ! Nos collègues devraient se rendre dans les établissements scolaires alors qu’aucun protocole sanitaire n’est concrètement mis en œuvre ? Il est fort probable qu’on leur demande de se charger de cette tâche et ainsi les responsabilités seront assumées par les chefs d’établissements, les directeurs d’écoles et l’ensemble des collègues.
Contrairement à ce qu’affirme le Recteur, la FSU Guyane constate que l’Education Nationale est loin d’être prête ! Ces annonces n’ont qu’un seul but : faire revenir les personnels dans les établissements, sans aucune garantie d’application des règles sanitaires. Ainsi notre ministre pourra annoncer fièrement que l’école a bien rouvert. La FSU Guyane tient à rappeler que la 1ère mission d’un Recteur est de « veiller à l’application de toutes les dispositions législatives et réglementaires se rapportant à l’Éducation Nationale ».
En cette période de pandémie, de nombreux responsables sont inquiets quant à la possibilité de voir leur responsabilité pénale engagée en cas de contamination avérée. Le gouvernement souhaite légiférer afin qu’aucun responsable ne soit reconnu coupable. A l’inverse, les personnels de l’Education Nationale assument leurs missions malgré des conditions d’exercice difficiles. Cependant, malgré notre attachement sans faille au service public d’éducation, nous ne sommes pas prêts à tout accepter.
Oui, les établissements scolaires devront rouvrir et nous allons devoir apprendre à vivre différemment. Nous allons devoir nous réorganiser collectivement en gardant à l’esprit que la priorité reste l’application de mesures sanitaires strictes.
Pour la FSU Guyane, nous devons tous rester vigilants dans l’application des protocoles sanitaires et refuser les pressions, intimidations ou menaces.
Quelle que soit la date de réouverture des établissements scolaires, la FSU Guyane appelle les collègues à ne pas se rendre dans les établissements scolaires sans avoir été informés des mesures sanitaires appliquées au préalable. Pour le moment, nous devons privilégier le télétravail et éviter les regroupements. Quand de réels protocoles sanitaires seront mis en place, nous devrons veiller à leurs applications et en cas de doute utiliser notre devoir d’alerte voire notre droit de retrait.
Afin de protéger nos collègues et d’anticiper toutes les éventualités, la FSU Guyane a déposé un premier préavis de grève couvrant la période du 11 au 23 mai 2020.
La situation est inédite mais nous avons trop souvent l’habitude de constater que les règles nationales sont appliquées en Guyane avec trop de légèreté or nous sommes face à une crise sanitaire qui nous concernent toutes et tous. Pour la FSU Guyane, la priorité est, et restera, la santé des élèves, de leurs familles et des personnels de l’Éducation Nationale.
Plus que jamais, c’est la force collective qui nous permettra d’œuvrer pour la défense des personnels et d’un service public d’éducation à la hauteur des enjeux.
Prenez soin de vous et de vos proches.
La FSU Guyane