Du lundi 22 septembre au vendredi 26 septembre, les représentantes et représentants des syndicats de la FSU Guyane (Snes-Fsu, Snep-Fsu, Snuep-Fsu, Fsu-Snuipp) étaient présent-es dans les écoles, collèges et lycée de Grand Santi, Papaïchton, Maripasoula et Apatou afin de rencontrer les collègues et d’apporter leur soutien aux équipes militantes des syndicats de la FSU qui agissent sur place tout au long de l’année.

Pour la FSU, le bilan de cette semaine sur le Maroni est sans appel. Un mois après la rentrée, la situation est toujours catastrophique dans la majorité des établissements.

Malgré leur sérieux et leur dévouement, les collègues n’ont pas les moyens de faire face aux multiples défis de l’éducation sur le fleuve et de nombreux élèves sont toujours privés d’enseignants.

Quant aux conditions de vie, ravitaillement, accès à l’eau, à l’électricité, au logement… elles restent toujours très difficiles pour les enseignants tout comme pour les élèves et leurs familles.

Quelques exemples suffisent à prendre la mesure des difficultés.

Dans le second degré

A Grand Santi, le collège était bloqué par les parents d’élèves. Nous avons pu échanger avec quelques collègues mais aussi avec le Principal. Plusieurs postes de professeurs ne sont toujours pas pourvus.

A Papaïchton, 3 postes d’enseignants, 1 poste de Psychologue de l’Education nationale (PsyEn) et 1 poste d’Assistante Sociale ne sont pas pourvus. 12 enfants sur 13 notifiés pour bénéficier d’une place en Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté (SEGPA) en 6ème n’ont pas été retenus alors qu’ils sont en très grande difficulté de lecture et d’écriture. L’établissement est régulièrement confronté à des coupures d’électricité, la chaleur est accablante dans certaines salles de classe. Quant à la connexion internet, elle est plus qu’aléatoire. Quant à l’accessibilité du collège pour les élèves handicapés, elle devra être assurée par la pose de rampe aux escaliers et par des peintures réglementaires pour les marches.

Au lycée de Maripasoula, la rentrée s’est faite au cœur d’un chantier, sans salle des professeurs ni Centre de Documentation et d’Information ni salles spécialisées et ateliers pour les enseignements professionnels. Les élèves internes sont logés au collège ! Plusieurs enseignants ont un service partagé entre le collège et le lycée ; la distance entre les deux établissements, alliée à l’absence de moyens de transport, impactent fortement leur condition d’exercice. Malgré la bonne volonté des équipes, certains collègues sont déjà au bord de l’épuisement quatre semaines après la rentrée. L’ouverture de 4 nouvelles filières professionnelles se heurte à une réalité : sans atelier ni matériel professionnel, difficile d’apprendre le métier, d’entretenir la motivation et de réussir aux examens… Dans l’intérêt des élèves comme de nos collègues, nous serons attentifs au respect du calendrier annoncé par la CTG, d’une ouverture des ateliers courant novembre. Il en va de l’égalité de moyens due à tous : les habitants du fleuve ont droit à un enseignement de même qualité que ceux du littoral comme de tout autre territoire de la République. De même pour le réfectoire et l’internat du lycée : de leur ouverture effective dépend l’accès au secondaire pour des centaines d’enfants du fleuve.

Au collège de Maripasoula, près d’une quinzaine de dossiers SEGPA ont été refusés en 6ème. Deux postes d’enseignants sont non pourvus, il manque une infirmière, une personne spécialisée handicap et des Assistants d’Education (AED). Quant au bâti, il est vieillissant et nécessiterait une rénovation d’ensemble.

Enfin, au collège d’Apatou, 3,5 postes d’enseignants ne sont pas pourvus, il n’y a pas de directeur de SEGPA et la PsyEn, en partage avec Saint-Laurent du Maroni, peine à répondre aux besoins des élèves. Bien que de nombreux élèves soient en grandes difficultés, les deux classes de 6ème « Ambition Réussite » ont été supprimées. Enfin, l’administration a imposé un changement de langue Vivante 2 sans concertation avec les familles à une dizaine d’élèves.

Dans le premier degré

Lors de notre passage à l’école Providence (commune d’Apatou), il manquait deux enseignants pour avoir un effectif complet. L’école était fermée en raison d’absence d’eau dans l’établissement. Un collègue assume la direction d’école, au pied levé, sans avoir accès au logiciel permettant d’effectuer les missions administratives qui lui sont confiées.

L’école d’Apaguy (commune de Grand Santi) ne dispose pas encore de l’ensemble des enseignants nécessaire au bon fonctionnement de l’établissement. Il manque encore 2 enseignants. Les élèves, sans professeurs, étaient répartis dans les différentes classes, surchargeant les effectifs. Dans de telles conditions, les parents d’élèves ont décidé de bloquer l’école et réclament la nomination d’enseignants, en nombre suffisant. Leur exaspération est bien réelle face à une situation qui se répète à chaque rentrée scolaire.

Les trois écoles du bourg de Grand Santi sont également bloquées par les parents d’élèves, que nous avons rencontrés. Là aussi, les équipes présentes devaient accueillir les élèves sans enseignants, faisant monter les effectifs par classe, parfois, à plus de 36 élèves. Il manque 20 enseignants pour accueillir et scolariser l’ensemble des élèves. Les parents d’élèves sont déterminés à obtenir les moyens dus à la scolarisation de leurs enfants. Ils ont l’impression d’être les laissés pour compte de l’Education Nationale.

L’école de Monfina (commune de Grand Santi) est également bloquée par les parents avec qui nous avons pu échanger. Seuls 5 enseignants sur les 10 étaient présents lors de notre passage. Les 5 enseignants manquants sont en attente de recrutement par le Rectorat de Guyane. Les parents demandent que des représentants du Rectorat viennent sur place afin de leur expliquer pourquoi leurs enfants ont chaque année des difficultés à faire leur rentrée scolaire.

A Papaïchton et Loca, il manque 3 enseignants actuellement et ce sont les collègues remplaçants qui accueillent les élèves depuis le début de l’année scolaire.

Pour les 5 écoles du bourg de Maripasoula, les effectifs enseignants sont quasiment au complet et les élèves sont accueillis dans leurs classes. L’école maternelle Abienso a été fermée plusieurs jours d’affilée en raison de dégradations à répétitions. A ce jour, aucune solution n’a été trouvée…

Les écoles de la commune d’Apatou accueillent l’ensemble des élèves depuis la rentrée scolaire. L’accès, par la route, depuis Saint-Laurent fait qu’il est possible d’envoyer des remplaçants sur Apatou. De nombreux collègues font aussi le choix de vivre à Saint-Laurent et de se déplacer quotidiennement sur leur commune d’exercice.

De manière générale, les élèves scolarisés sur le Maroni n’ont pas les mêmes chances de réussite scolaire car leur scolarité n’est pas continue (manque d’enseignants, écoles fermées pour diverses raisons, coupures d’eau, difficultés de transport, absence de restauration scolaire). C’est inacceptable !

Près d’un mois après la rentrée scolaire, le Rectorat de Guyane est toujours en train de recruter des enseignants afin d’avoir un professeur dans chaque classe. Cette situation était connue des services, dès la fin du mouvement intra départemental (mi-juillet). Doit-on en déduire que l’administration a préparé la rentrée après le 1er septembre ?

Nous avons rencontré des collègues contractuels nouvellement recrutés qui n’ont aucun document officiel (contrat, PV d’installation),  lié à leur prise de poste, en leur possession. Nous attendons de notre administration qu’elle fasse le nécessaire afin que leurs droits soient respectés. Il est inadmissible qu’en plus des difficultés à être recrutés, à se rendre sur site et à trouver un logement, nos collègues ne soient pas rémunérés.

Dans l’urgence, l’administration tente de combler les postes « ordinaires » non pourvus. Evidemment, les postes spécialisés (Aide aux élèves en difficultés, psychologue), pourtant indispensables à la réussite de tous nos élèves, risquent fort bien de rester vacants toute l’année scolaire.

Enfin, le redéploiement des postes de remplaçants sur l’ensemble de l’académie nous conforte dans nos prévisions : les 60 postes répartis dans l’ouest et sur le Maroni restent vacants ! Les années précédentes, nos collègues remplaçants se déplaçaient sur tout le territoire et permettaient d’assurer une rentrée effective des élèves. Aujourd’hui, pour des raisons budgétaires, ce n’est plus le cas. Pour la FSU-SNUipp Guyane, la scolarisation de tous nos élèves ne doit pas être vue comme un coût mais comme un investissement pour l’avenir de notre territoire !

La FSU Guyane a alerté Guillaume Gellé, Recteur de l’Académie de Guyane, à l’occasion d’une rencontre informelle au collège d’Apatou et demande à être reçue de toute urgence pour relayer les demandes des collègues qui enseignent dans les écoles, collèges et lycée du Maroni.

La FSU continuera à agir avec détermination pour que les droits des élèves, tout comme ceux des enseignants et des personnels, soient respectés sur le Maroni comme partout en Guyane !