Le débat qui anime le milieu universitaire au sujet de Parcoursup n’est pas technique, mais politique. Il renvoie à la conception de la place de l’université et ses fonctions Dans la société. Il renvoie également à la question de l’égalité des chances et le droit d’accès à l’enseignement supérieur sans discrimination.

Face au flux croissant des étudiants et à l’incapacité de l’Etat de relever le défi de l’accueil de tous en donnant des moyens supplémentaires aux universités, la solution de l’éjection d’une partie de la jeunesse a été bien orchestrée. Les éléments d’un langage trompeur, largement diffusé, autour d’une orientation réussie, ont produit, du moins chez une partie de l’opinion, et même chez certains universitaires, l’effet attendu.

Mais, l’hypocrisie ne tient qu’un temps. Parcoursup est un dispositif de sélection généralisée pour l’accès aux études universitaires en France.

C’est une mauvaise mesure pour le territoire de Guyane.

C’est une mauvaise mesure pour l’université.

Deux risques majeurs se dessinent.

1) Compte tenu de la croissance démographique, les capacités d’accueil de l’université, sans moyens supplémentaires, seront vite insuffisantes et de nombreux jeunes Guyanais ne pourront suivre la filière de leur choix.

2) Compte tenu de l’enclavement du territoire, la sélection opérera,

sociologiquement parlant, en défaveur des plus défavorisés scolairement et socialement qui ne pourront quitter le territoire. Rompue, l’égalité républicaine fonctionne dès lors comme une illusion aux conséquences lourdes tant sur les plans individuels que collectifs.

Partant de cette analyse, nous exhortons les équipes pédagogiques, les conseils de l’université et la présidence, à ne pas entériner une perspective marquée du sceau de la régression et de l’injustice.

Cayenne, le 19 Avril 2018


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