Le ministre de l’Intérieur, Gérald DARMANIN, a récemment annoncé la construction d’un pavillon de haute sécurité dans le cadre de la future prison de Saint-Laurent du Maroni.
La FSU Guyane tient à exprimer sa plus vive inquiétude et sa ferme opposition à ce projet, qui traduit un réflexe colonialiste d’un autre âge, et dont la logique sécuritaire, dispendieuse et inefficace ne répond en rien aux besoins réels du territoire ni à ceux de la population guyanaise.
Un geste idéologique destiné à flatter une certaine nostalgie coloniale
Ce projet ne répond pas à une quelconque réalité locale en matière de justice ou de sécurité, mais s’inscrit dans une rhétorique destinée à satisfaire une partie de l’opinion publique hexagonale, notamment dans les sphères d’extrême droite. En reléguant des détenus « à problèmes » venus de l’Hexagone vers un territoire ultramarin, l’État reproduit une logique punitive coloniale, semblable à celle du bagne, dans laquelle la Guyane sert une nouvelle fois de périphérie sacrificielle.
Un non-sens économique et logistique
Loin d’être une solution, l’envoi de détenus depuis l’Hexagone vers la Guyane représente un surcoût considérable pour l’administration pénitentiaire et les finances publiques : transferts aériens, garde renforcée, éloignement des familles et des avocats, etc.
Ce choix ne résout en rien les difficultés des prisons françaises, notamment en matière de surpopulation, de radicalisation ou de circulation des objets interdits (dont les téléphones portables, devenus une problématique nationale à l’heure du numérique).
Un projet contraire aux besoins du territoire
Alors que la Guyane connaît une crise chronique des services publics, et en particulier de l’éducation, de la santé, et de la justice pour les mineurs, le gouvernement choisit d’investir massivement dans un projet carcéral de prestige sans pertinence locale.
La FSU Guyane rappelle que l’enfermement ne saurait être une politique sociale, et que la prévention, l’éducation et l’insertion restent les leviers essentiels pour construire une société plus juste et plus sûre. En Guyane, la priorité doit être donnée aux écoles, pas aux prisons
En tant que syndicat de la fonction publique, nous dénonçons la contradiction entre l’inaction de l’État face au manque criant de postes d’enseignants, de personnels sociaux, de santé, psychologues de l’Education nationale d’infrastructures scolaires, et la célérité avec laquelle il annonce la création d’un outil répressif aux contours flous.
La FSU Guyane exige que les moyens publics soient prioritairement affectés à l’éducation, la formation, et l’émancipation de la jeunesse, et non à des infrastructures carcérales issues de logiques héritées du passé.