LETTRE AU RECTEUR TOURE
jeudi 5 janvier 2017
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Cayenne, le 5 janvier 2016
Monsieur le Recteur,
La FSU Guyane vous déclarait le 23 juin 2016 en CTA que "notre jeunesse ne doit plus souffrir du manque de
rigueur dont font preuve le ministère et vos services". Lors de la première CAPD de l'année, ce 24 novembre
2016, les représentants du SNUipp-FSU vous ont demandé de combien de temps nous disposions pour tenter de
travailler avec votre nouvelle équipe fraîchement en place. Nous avons déploré cette instabilité des
responsables, ce travail sans cesse à recommencer, ce rectorat bâti sur des sables mouvants, cette absence de
mémoire, cette impossibilité de suivi, cette rentrée totalement chaotique...Voilà aujourd'hui votre réponse : la
fuite, après seulement huit mois sur place.
Huit mois à laisser l'académie s'enfoncer dans la vase, huit mois sans vision claire d'un objectif à atteindre, huit
mois à laisser les enseignants se débrouiller seuls avec les nouvelles mesures à mettre en place, huit mois à
abandonner les élèves dans une école indigne de la République, huit mois sans décision forte, sans vous
retrousser les manches pour cerner les difficultés du terrain, sans chercher à appréhender la réalité de
l'isolement de certains sites, huit mois à vous maintenir à distance des réalités de notre vaste territoire.
Vous quittez une académie en déroute, sans directive claire, une académie dans laquelle les personnels ne se
sentent pas en sécurité et n'ont plus confiance en l'institution.
La jeunesse de Guyane n'a pas besoin de recteur de passage en apprentissage, elle a besoin d'ambitions réelles
et de moyens à la hauteur de ses espérances. Elle a besoin de cadres solides, compétents, organisés,
respectueux, capables d'adaptation et de stabilité, quelles que soient leurs origines, des cadres expérimentés avec
des projets ambitieux pour les élèves de Guyane et non pour leur propre carrière.
Vous partez et nous restons car nous portons toujours l'espoir d'un réel avenir pour notre jeunesse. Cela exige
une éducation de qualité pour tous sur tout le territoire. Que dire à ces 10 000 jeunes qui n'ont pas de place
dans le système éducatif ? Les défis à relever sont immenses en Guyane et nous les relèverons avec ceux
disposés à assumer leurs responsabilités. L'école de la République a le devoir d'offrir à la jeunesse de Guyane les
mêmes chances que partout ailleurs. C'est malheureusement loin d'être le cas. La seule réponse que vous
apportez à cette jeunesse sacrifiée, Monsieur le Recteur, c'est l'abandon. Puisque vous citez Gandhi, sachez qu'il
estimait que "là où il n'y a le choix qu'entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence".
Monsieur Touré, les rentrées à venir s'annoncent très difficiles mais nous assumerons notre mission de service
public.
Faute d'avoir construit avec nous, transmettez au moins à votre successeur notre profonde colère et notre ferme
détermination à imposer le respect pour tous les élèves et tous les personnels de l'académie.
Pour la FSU Guyane
Alexandre Dechavanne